jeudi 26 mars 2020

L'après



Quand tout sera fini, que la vie reprendra,
aurons-nous à l'esprit, le prix de nos tracas,
les souffrances passées, les actes méprisants,
de ceux qui ont fauté, pour le luxe et l'argent.


André Le Gall

vendredi 20 mars 2020

Comme une amnésie générale






Les vidéos tournent en boucle et se partagent sur les réseaux sociaux. Des scènes virales soulignant le soudain amour du peuple pour les services de santé. Aux fenêtres, aux balcons ou sur les terrasses les populations confinées acclament celles et ceux qui sont en première ligne pour affronter la pandémie.

Les médias ne s'y trompent pas et s'empressent de relayer cette ferveur nationale dégoulinante d'amour et d'empathie envers le corps de santé. Une aubaine pour nos gouvernants qui saisissent là une chance inespérée d'invoquer la cohésion nationale. Tous derrière le président Macron, protecteur des faibles et des opprimés, pourfendeur de virus et garant de justice sociale.

Dès lors, oubliées les réformes drastiques pour le plus grand profit des nantis, oubliés les coups et les mutilations, les gazages et les gardes à vues infligés  aux manifestants dont les infirmières, oubliées les hausses du coût de la vie, oubliée la casse du service public dont l'hôpital, oubliées les casseroles et les affaires, oublié tant de choses négatives dont la liste se développe inlassablement. L'heure est à la grande messe de l'unité nationale.

Pendant ce temps les libertés individuelles s'amenuisent et de nouvelles charges, contre le monde du travail, sont en préparation comme le projet de loi sur les congés payés (l'Humanité.fr du 20 mars 2020), pendant ce temps là, les rues sont vides et interdites à toute forme de manifestation.

Pendant ce temps, aux balcons, fusent les hourras et les applaudissements. Toute une population confinée, absente quand il a fallu défendre les services publics, haineuse quand il a fallu conspuer les syndicats de lutte.

L'heure est à la communion, comme une amnésie générale.


André Le Gall